Un été 75 : le punk flower est né !

Juillet 1975… L’oncle Sam est à terre… Un bar crado du Bronx accueille pas mal d’épaves, souvent des gars de la narine… Joe Montana Juarez et Sean Concept sont de ceux-là, rescapés de l’enfer du Vietnam, borderline à souhait, gavés de pilules qui adoucissent les visions de monstres verts…Les ombres gluantes des rizières qui les assaillent toutes les nuits… Plus fort que la dope et la ronde des cauchemars, le rock n’ roll sera leur hard metal jacket.

Un soir, pour calmer les embardées d’une bande déchirée qui va tout casser dans le Chemical Bar de la 32ème rue, Jo chante à un rythme déjanté Spirit in the sky, accompagné par Sean à la quinte… La paix revient illico dans le rade surchauffé, et une fille habillée en bombe mal explosée se joint à eux. Nicky Larsen, c’est son nom, ne les quittera plus. Dans son délire, Sean lui tirebouchonne les seins pour vérifier qu’elle ne parle pas viet. Nicky hurle un fuckin’ bastard qui le rassure. Jo Burns and the Screamin’ Tities s’impose comme nom de scène ! BoJo, un vieux journaliste latino qui traînait au Chemical, se propose de les manager… C’est le début d’une aventure qui dure encore…

La section rythmique s’est dotée d’un redoutable drummer fou, l’Irlandais pratiquant Jamal O’Cue, qui appuie un Sean ultra-bassiste, un duo qui vibre au point de déclencher des descentes d’orgasmes dans certains concerts aguichés fermés ! Quant à la perle rare du Mékong qu’il fallait à la lead guitare, les Burns l’ont trouvée sur le parvis de St Patrick, à Manhattan : Dudeseb, un jeune séminariste défroqué mais habité par le rock et pas seulement par ses pairs, doué d’un toucher impressionnant, capable de continuer un solo tout en changeant une corde ! Avant la fin de l’été arctique, le BoJo manager décroche leur première tournée internationale qu’ils intitulent Horreur boréale. Le 15 août, le groupe fait relâche pour que le Dudeseb fasse ses dévotions. Comme Nicky s’est cassé le poignet à écrire son premier lyrics, Gros Caïd, sur une musique d’Eric Clapton, Sean, Jamal et Jo décide de tester les bars de Reykjavik… Ils découvrent un folk singer local muet qui chante des rimur en langue des signes tout en s’accompagnant d’un luta électrique. Il s’appelle Snorri Sneu Hrafnasson. Les trois Burns le passent au compteur Geyser et à la vodka-vinaigrette : le test est concluant ! Le Sneu est intégré sans mot dire (qui que ce soit). Ils rodent leur six-cordes-non-vocal lors du dernier concert de ce polar summer héroïque, sur la base américaine de Thulé. Le succès des Jo Burns est si explosif que les soldats, saturés de Coca, en atomisent la réserve d’esquimaux du ciné-club !

Depuis cet été 75, les Jo Burns écument tous les lieux qui comptent, de la côte est à la côte ouest, d’Omaha Beach à Sonofa Beach, en passant par Bourg and Bus ou Old-Fumé… Leur répertoire a de la reprise, oscillant entre la pure énergie punk-rock et la suavité harmonique du flower power…

Jo Burns and the Screamin’ Tities ne s’écoute pas: il se vit, il se prend, à haute dose, comme un salutaire et revigorant antidote contre la guerre ! Toutes les guerres.

BoJo 75 (tous gauches réservés)